Trois augustines, âgées de la vingtaine, débarquent à Québec le 1er août 1639 après une dure traversée.
Parties du port de Dieppe le 4 mai, elles viennent y fonder un Hôtel-Dieu, le premier établissement hospitalier de la Nouvelle-France. En 1693, les hospitalières prennent en charge l’Hôpital général fondé par le deuxième évêque de Québec, Mgr Jean-Baptiste de La Croix de Chevrières de Saint-Vallier. Il faudra attendre presque deux siècles pour qu’elles fondent en 1873 un nouvel hôpital, l’Hôtel-Dieu du Sacré-Cœur de Jésus de Québec qui célèbre, cette année, son 150e anniversaire. Elles en fonderont deux autres à la fin du XIXe siècle en voit apparaître deux autres à Chicoutimi (1884) et à Lévis (1892). Leur œuvre hospitalière connaît une forte expansion avec six fondations : Roberval (1918), Gaspé (1926), Saint-Georges-de-Beauce (1949), Montmagny (1950), Alma (1954), Dolbeau (1955) et Jonquière (1955). Les Augustines sont à l’origine d’un réseau de douze hôpitaux qui appartient aujourd’hui à l’État et constitue un héritage de première importance pour la population québécoise.
Les Augustines sont à l’origine d’un réseau de douze hôpitaux qui appartient aujourd’hui à l’État et constitue un héritage de première importance pour la population québécoise.
Pendant tout le temps qu’elles furent les gestionnaires et propriétaires de leurs établissements, les Augustines ne cessèrent de doter leurs soins des avancées scientifiques les plus récentes tout en les inscrivant dans la perspective d’une foi séculaire. Avec le recul que nous offre le passage du temps, nous prenons une plus juste mesure de cette œuvre impressionnante accomplie avec des ressources souvent très modestes. Les Augustines, qui ne quittaient leur monastère que pour soigner les malades de leur hôpital, se sont portées à leur chevet avec une constance et un dévouement qui forcent l’admiration.
Cap-aux-Diamants propose ici sept articles comme autant d’approches d’une vaste fresque peinte sur 388 ans. Des portraits d’hospitalières qui se distinguent par leur carrière ou leurs talents offrent un aperçu de cette congrégation de bâtisseuses. Des récits s’attardent à un aspect distinctif du savoir-faire des Augustines ou à un moment déterminant de leur histoire. Enfin, certains articles embrassent plus large et proposent une mise en perspective de l’ensemble de leur œuvre. Ces quelques traits laissent entrevoir l’audace dont firent preuve ces femmes déterminées tout au long de leur histoire.
Récemment, les Augustines ont doté notre mémoire collective d’un lieu où leur patrimoine et leur histoire habitent désormais. Le présent dossier est une façon de faire écho à ce geste visionnaire qu’on ne cesse de saluer.
Denis Robitaille